Cette annexe présente une liste de termes et d’expressions issus du latin,
ainsi que des maximes en latin, utilisés les uns et les autres dans le jargon du droit et de la justice. Certains peuvent être
passés dans le langage courant ou avoir un autre sens en français courant.
Certaines maximes sont si connues que souvent elles ne sont pas énoncées en entier,
mais seulement par une « forme courte » constituée des deux ou trois
premiers mots.
a
- ab intestat : transmission des
biens d’un défunt sans testament (ou lorsque le testament est nul ou
caduc), selon les règles fixées par le législateur
- abundans cautela non nocet : une précaution
excessive ne fait pas de tort
- abusus : mot latin décrivant l’attribut du droit de
propriété qui permet à son titulaire de disposer du bien, en le
détruisant ou en le transmettant [1]
- accessorium sequitur
principale :
l’accessoire suit le principal
- accusare nemo se debet
nisi coram deo :
personne n’est obligé de s’accuser lui-même si ce n’est en face de Dieu
- actio personalis moritur
cum persona :
l’action personnelle s’éteint avec la personne concernée
- actor sequitur forum rei : le litige doit
être porté devant le tribunal du défendeur
- actori incumbit probatio : la preuve
incombe au demandeur ; repris en droit français par le premier alinéa
de l’article 1315 du code
civil [2]
- ad cautelam : par précaution
- ad iura renunciata, non
datur regressus :
au renoncement des droits, il n’est point donné
de recours
- ad liceitatem : pour la licéité
- ad litem : pour le procès
- ad litteram : à la lettre
- ad nutum : à son gré (ou au gré de), surtout utilisé en
droit des sociétés où l’on parle de révocation ad nutum
c’est-à-dire révocation à tout moment et sans devoir indiquer de juste
motifs
- ad probationem : à titre de preuve
- ad validitatem : à titre de validité
- æquum est ut cujus
participavit lucrum, participet et damnun : il est juste que
celui qui a participé au gain participe aussi à la perte
- affectio societatis : la volonté des
associés de collaborer sur un pied d’égalité à l’œuvre commune
- affirmanti incumbit probatio : (le fardeau de)
la preuve incombe à celui qui affirme
- aliquis non debet esse
judex in propria causa, quia non potest esse judex et pars : personne ne doit
être juge de sa propre cause, parce qu’on ne peut être juge et partie
- aliud est celare, aliud
tacere :
cacher est une chose, se taire en est une autre
- animus : mot latin signifiant
« esprit » ; désigne l’intention d’une personne ou
l’élément intentionnel d’un comportement (en opposition à l’élément
matériel), par exemple l’animus domini, l’intention de se comporter
comme le propriétaire d’une chose
- apices juris non sunt
jura :
les subtilités du droit ne sont pas le droit
- audi alteram partem : l’autre partie doit être entendue (principe du
contradictoire)
b
- bis de eadem re ne sit
actio
ou bis de eadem re agere
non licet :
il ne convient pas d’intenter deux fois une action sur la même affaire
- bonus dolus : « le bon dol » est un petit mensonge,
une exagération qui ne peut conduire à la nullité du contrat pour vice du
consentement
c
- condominium : souveraineté
étatique partagée sur un même territoire
- confessio est regina
probatio :
la confession (l’aveu) est la reine des preuves
- cogitationis poenam nemo
patitur :
nul ne peut être condamné pour ses idées (attention : il ne s’agit
pas de la liberté de penser, mais d’une règle criminelle qui veut que nul
ne puisse être condamné pour la seule intention de commettre une
infraction ; l’intention sans suite n’a pas d’existence pénale)
- conscientia mille testes : la conscience
vaut mille témoignages
- constitutiones tempore
posteriores potiores prioribus : les lois postérieures dans le temps prévalent sur
les plus anciennes
- contra factum non datur
argument :
contre un fait il n’existe pas d’argument
- contra legem : à l’encontre de
la loi
- contra non valentem
agere non currit praescriptio : la prescription ne court pas contre celui qui
ne peut exercer ses droits
- corruptissima republica
plurimæ leges :
les lois sont très nombreuses lorsque l’état est très corrompu
- cui bono ? : à qui le crime profite-t-il ? (expression
tirée de l’affaire sextus roscius)
d
- damnum emergens : perte éprouvée
- de cujus : l’expression complète est : is de cujus successione
agitur,
« celui dont on traite de la succession » : les notaires
utilisent cette expression lorsqu’ils rédigent un acte (par exemple un
contrat de mariage ou un testament) afin qu’en sa présence le donateur ne
soit pas désigné dans l’acte qu’il signe par l’expression « le
(futur) défunt »
- de in rem verso : en restitution de la chose (action)
- de minimis non curat
prætor :
des affaires insignifiantes, le préteur (le magistrat) ne s’occupe pas
- de lege lata : en vertu de la loi en vigueur
- de lege ferenda : en vertu de la loi à venir
- dura lex, sed lex : la loi est dure,
mais c’est la loi
e
- electa una via, non
datur recursus ad alteram : une fois choisie sa voie d’action (juridiction
civile ou juridiction pénale), on ne peut plus en changer (forme
courte : « electa una via »)
- emptor debet esse
curiosus :
l’acheteur se doit d’être curieux (celui qui achète un bien ne peut
invoquer a posteriori l’ignorance de certains fait qu’il aurait pu
remarquer en se renseignant convenablement)
- erga omnes : à l’égard de tous ; marque l’opposabilité
absolue de certains droits, même à l’égard des tiers
- error communis facit jus : l’erreur commune
crée le droit
- exceptio non adimpleti
contractus :
exception d’inexécution (ex. : art. 82 du
code civil suisse)
- ex æquo et bono : en équité
- exequatur : procédure visant à donner dans un état force
exécutoire à un jugement rendu à l’étranger
f
- fraus omnia corrumpit : la fraude corrompt tout
- fructus : mot latin décrivant l’attribut du droit de
propriété qui permet à son titulaire de percevoir les revenus du bien [1]
- fructus augent
hereditatem :
les fruits augmentent la succession
i
- in bonis : débiteur en pleine jouissance de ses droits et
biens (littéralement « dans ses biens ») par opposition à un
débiteur en liquidation judiciaire dont les biens ont été saisis (terme
utilisé uniquement pour une personne morale)
- in dubio pro libertate : dans le doute,
faveur à la liberté [3]
- in dubio pro reo : littéralement « dans le doute, faveur à
l’accusé », de manière plus contemporaine « le doute profite à
l’accusé » [3]
- infans conceptus pro
nato habetur quoties de commodis ejus agitur : l’enfant conçu
est tenu pour déjà né lorsqu’il s’agit de ses avantages (forme
courte : « infans conceptus »)
- infra petita : littéralement « en deçà des choses
demandées » ; dans le cadre du principe dispositif, caractérise
une décision qui ne statuerait pas sur l’ensemble des chefs de la demande,
mais non celle qui accorderait moins que la demande (en termes de montant
par exemple), car en ce cas le juge a statué sur ce chef de la demande, ce
qui n’a pas les mêmes conséquences juridiques (à comparer avec ultra petita)
- in limine litis : dès le début de
la procédure / avant toute défense au fond
- inter partes : entre les parties ; cela marque l’effet
relatif des contrats qui n’ont d’autorité, en principe qu’entre les
parties à l’acte (comparer avec erga omnes)
- intuitu personæ : en raison de la
personne
- in concreto : à chacun son équité, apprécié selon les faits,
concrètement
j
- jus gentium : droit des gens (des clans, dans la Rome antique), c’est-à-dire droit international
public
(traités, coutumes, principes généraux du droit, droit dérivé des organisations
internationales…)
- jus cogens : norme impérative
de droit international public général ; l’État français est l’un des
rares à ne pas reconnaître la normativité du jus cogens
l
- lex specialis derogat
legi generali :
une loi spéciale déroge à une loi générale [3]
- lucrum cessans : manque à gagner
- lex societatis : loi applicable aux sociétés
m
- major pars trahit ad se
minorem :
la partie la plus importante d’une procédure attire à elle la plus petite
(théorie de la connexité)
- mala fides supervenies
nocet :
la mauvaise foi qui survient nuit
- mala fides supervenies
non nocet :
la mauvaise foi qui survient ne nuit pas
- mater
semper certa est :
la mère est toujours certaine (par opposition au père, pour
l’établissement d’une filiation). cf. Mater semper certa est sur wikipedia.
- mens rea : l’intention coupable
- mutatis mutandis : en changeant ce
qui doit être changé
n
- necessitas cogit legem : besoin ou
nécessité n’ont loi ; (Loysel) : à l’origine de l’expression nécessité
fait loi
- nemo auditur propriam
turpitudinem allegans :
« nul ne peut se prévaloir
de sa propre turpitude » (turpitude = comportement frauduleux, dolosif,
illégal…) (forme courte : « nemo auditur »)
- nemo censetur ignorare
legem :
« nul n’est censé ignorer la loi », on ne peut invoquer en
défense le fait que l’on ne connaissait pas une norme [4]
- nemo dat quod non habet : personne ne peut
donner ce qu’il n’a pas
- nemo judex in re sua : personne ne juge sa propre cause
- nemo liberalis nisi
liberatus :
qui a des dettes, ne peut faire des libéralités
- nemo plus juris ad alium
transferre potest quam ipse habet : personne ne peut transférer à autrui plus de droits qu’il n’en a lui-même
- noli me tangere : ne me touche pas
(relatif à l’inviolabilité du corps humain)
- non bis in idem ou ne bis in idem : pas deux fois pour la même chose : on ne
peut pas être jugé une seconde fois pour les mêmes faits
- nullum crimen, nulla
poena sine lege :
pas de crime, pas de peine, sans loi (principe de la légalité)
o
- obiter dictum (littéralement
« soi dit en passant » en latin) : commentaires ou
raisonnement d’un juge qui n’est pas nécessaire à la décision prise
- opinio juris ac (ou
"sive") necessitatis : la conviction des États en droit international
public, d’être lié par une obligation en la considérant comme devenue
obligatoire ; ce sont les deux éléments constitutifs de la coutume
(ex. : le principe de distinction qui, en droit des conflits armés,
implique la protection de la population civile en opposition aux
combattants)
p
- pacta sunt servanda : respect de la parole donnée ou force
obligatoire des conventions (art. 1134 du code civil)
- pater is est quem justæ
nuptiæ demonstrant :
est présumé père, le mari de la mère (forme courte : « pater is
est »)
- pater semper incertus
est :
le père est toujours incertain. cf. Wiktionary anglais
- penitus extranei : complètement étrangers
- post nuptias : après mariage
- pœnalia sunt
restringenda :
les textes pénaux sont d’interprétation stricte (art. 111-4 du code pénal)
- pretium doloris : littéralement
« le prix de la douleur » - indemnisation des souffrances
- prior tempore, potior
jure :
le premier en date est le premier en droit
- prorata temporis : à la proportion
du temps
- pro bono : pour le bien public
q
- quœ temporalia sunt ad
agentum, perpetua sunt ad excipiendum : celui qui, le délai expiré, ne peut plus fonder
une demande peut toujours être opposé en défense
- quorum : proportion des membres d’un organe devant être
présents ou représentés pour que celui-ci puisse valablement
délibérer ; le recours aux quorums est fréquent en droit
des sociétés
dans lequel ils peuvent être prévus par la loi ou par les statuts
- quod principi placuit
legis habet vigorem :
ce qui plaît au prince a force de loi
r
- ratio decidendi : expression latine désignant le raisonnement
juridique qui a mené un juge à prendre une décision
- res communis : expression
latine qui désigne les choses qui, de par leur nature, ne peuvent être
appropriées (par exemple : l’air ambiant) et appartiennent à tous (à
comparer avec res
nullius)
- res derelictæ : expression latine désignant les choses qui ont
été volontairement abandonnées, devenant ainsi des choses sans maître (ou res
nullius) [5]
- res judicata pro
veritate habetur :
la chose jugée est tenue pour la vérité ; maxime issue du digeste [6] à l’origine de
l’autorité de la chose jugée [7]
- res mobilis, res vilis : un objet
mobilier n’a pas de valeur
- res nullius : expression
latine utilisée en droit des biens pour désigner les choses sans maître,
c’est-à-dire celle qui n’ont pas de propriétaire mais qui sont néanmoins
appropriables [8]
- res perit domino : le propriétaire de la marchandise en supporte
les risques de perte
- res inter alios acta : principe de la relativité des traités en droit
international public (voir aussi : pacta sunt servanda)
- res inter alios acta
aliis nec prodest nec nocet : « la chose convenue entre les uns, ne
profite ni ne nuit aux autres » : en droit des obligations,
principe de la relativité des conventions
- res ipsa loquitur : signifie « la chose parle
d’elle-même »
s
- specialia generalibus derogant : les lois
spéciales dérogent aux lois générales
- substratum : support de la personne physique
- sui generis : « de son
propre genre » : situation juridique dont la singularité
nécessite de créer des textes spécifiques
t
- terra nullius : terre inhabitée
u
- ubi lex non distinguit,
nec nos distinguere debemus : là où la loi ne distingue pas, il n’y a pas
lieu de distinguer
- ubi societas ibi jus : là où est la société est la loi
- ultra petita : au-delà de l’objet de la demande
- usus : mot latin décrivant l’attribut du droit de
propriété qui permet à son titulaire d’utiliser un bien en jouissant de
l’utilité que la chose génère par elle-même [1]
- utile per inutile non
vitiatur :
l’utile n’est pas vicié par l’inutile
- utilitas publica
praeferenda est privatorum contractibus : il faut préférer l’utilité publique à celle
privée
- uti possidetis juris, provenant de la phrase uti possidetis, ita
possideatis : comme tu as possédé, tu continueras à posséder
notes
et référencesModifier
- ↑
a,
b
et c Jean
Carbonnier, Droit civil, Les Biens,
Presses universitaires de France, coll. « Thémis », Paris,
janvier 2000, 19e éd. (1re éd. 1956),
398 p. (ISBN 2-13-050584-8), § 68
- ↑ Philippe Malaurie,
Patrick Morvan, Introduction générale, Defrénois,
coll. « Droit civil », Paris, août 2005, 2e éd., 338 p. (ISBN 2-85623-083-0), § 173
- ↑
a,
b
et c Charles Perleman,
Logique juridique : Nouvelle Rhétorique, Dalloz,
coll. « Bibliothèque Dalloz », Paris, 1999, 2e éd. (1re éd. 1979),
193 p. (ISBN 2-247-03764-x), § 47
réédition de
l’ouvrage initialement paru en 1979 dans la collection Méthodes du droit
dirigée par Jean
Carbonnier
- ↑ Philippe Malaurie,
Patrick Morvan, Introduction générale, Defrénois,
coll. « Droit civil », Paris, août 2005, 2e éd., 338 p. (ISBN 2-85623-083-0), § 245
- ↑ Philippe Malaurie,
Laurent Aynès, Les Biens, Defrénois,
coll. « Droit civil », Paris, août 2007, 3e éd., 397 p. (ISBN 978-2-85623-106-7), § 598
- ↑ digeste 50-17-207
- ↑ Jean
Carbonnier, Droit civil, Les Biens,
Presses universitaires de France, coll. « Thémis », Paris,
janvier 2000, 19e éd. (1re éd. 1956),
398 p. (ISBN 2-13-050584-8), § 192
- ↑ Philippe Malaurie,
Laurent Aynès, Les Biens, Defrénois,
coll. « Droit civil », Paris, août 2007, 3e éd., 397 p. (ISBN 978-2-85623-106-7), § 164
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