Rechercher dans ce blog

lundi 3 juin 2024

Comment se manifeste t-il Le refus de la théorie de l’imprévision?

 



Il convient tout d’abords de définir la théorie de l’imprévision, avant mettre coup d’œil sur la position de droit marocain.

1)    Définition 

Cette dernière, bien qu’elle n’ait pas été admise par le système juridique marocain et français, nous allons essayer de l’analyser à la lumière des systèmes qui l’adoptent. Cette théorie se conçoit comme une dérogation au principe « pacta sunt survenda ». En effet, la plupart des systèmes juridiques qui acceptent la révision pour imprévision, respectent la force obligatoire des contrats. La révision pour imprévision est envisagée comme une exception établie légalement afin d’assurer la pérennité du lien contractuel et de rétablir l’équilibre perdu suite à l’imprévision. Les systèmes juridiques ne lui donnent pas une définition.  Ils ont laissé à la doctrine le rôle de la donner. À cet effet, monsieur le doyen Cornu lui donne une définition. Il l’a définie comme : « théorie prétorienne élaborée par le conseil d’Etat, mais rejetée par la jurisprudence civile et discutée dans ses rattachement (continuité du service public, clause rebic stantibus, bonne foi etc.),  en vertu de laquelle le juge a le pouvoir de réviser un contrat à la demande d’une partie lorsque par suite d’un événement extérieur, étranger à la volonté des contractants ( circonstances économique, monétaire, etc.) et imprévisible lors de la conclusion (d’où le nom de la théorie), l’exécution de celui-ci devient pour l’un des contractants non pas impossible ( à la différence de la force majeure), mais tellement onéreuse qu’elle  risque de le ruiner, déséquilibre dans l’économie du contrat qui à la différence de la lésion survient au cours d’exécution »9 . Donc, d’après la définition, il apparaît que la théorie de l’imprévision consiste à un remède au déséquilibre contractuel subi par l’un des contractants. Rétablir une justice contractuelle, c’est l’objectif de l’application de la théorie de l’imprévision

Donc, la révision pour cause d’imprévision se constitue comme une mesure afin d’adapter le contrat initialement équilibré par les parties, encourant un déséquilibre contractuel suite à des circonstances imprévisibles et extérieures à la volonté des parties, rendent l’exécution de la prestation onéreuse. Par conséquent, le juge réagit pour réaménager le contrat en vue de rétablir l’équilibre perdu lors de son exécution.

2 (La position du droit marocain

 Le Dahir des obligations et contrats ne prévoit aucun article évoquant la révision pour imprévision. Le principe pacta sunt survenda prédomine en ce sens.

 Le DOC qui a été élaboré dans la période de protectorat en 1913, n’a pas réglementé cette théorie. Le fondement du rejet repose sur l’inspiration du code de napoléon de 1804. Celui-ci est aussi restrictif à sa réglementation. Il n’y a pas une dérogation au principe de la force obligatoire tel qu’il est prescrit à l’art. 230.

L’intervention judiciaire est limitée à l’interprétation de la volonté des parties en vertu de l’art. 461 et suivant. Donc, la révision pour imprévision se fonde sur l’accord des parties. En outre, la révision est possible, s’elle est prévue par la loi. La doctrine marocaine reconnaît le rejet juridique de la révision pour imprévision, mais elle précise que cette théorie est prévue dans des textes éparpillés. Le droit positif marocain est hostile à l’application de cette théorie, malgré les hésitations doctrinales. Il y avait un projet de loi dans les années soixante-dix, mais ce projet n’a pas eu la lumière, car il pourra entrainer l’insécurité des transactions et laisser les contractants de mauvaise foi prétendre la révision pour imprévision. Quant à la jurisprudence, les juges de fonds n’avaient pas une base juridique pour faire appliquer la théorie. De nombreux arrêts ont consacré le respect absolu du principe volontariste.

En effet, la jurisprudence marocaine s’est montrée aussi constante en la matière. Elle ne fait qu’à appliquer la règle de droit et interpréter les textes qui encourent l’ambigüité. Ainsi elle intervient lorsqu’il y des lacunes de droit dans la résolution des litiges. En outre, la jurisprudence, parfois, qualifie les circonstances qui bouleversent le contrat comme des cas de force majeure13. Cette appréciation lèse le créancier, à contrario, il permet à la partie débitrice de s’exonérer de l’exécution. Autrement dit, elle ne pourra pas engager sa responsabilité contractuelle. En effet, les juges de fond ne peuvent s’immiscer dans le contrat en réaménageant le contrat, car cette intervention pour révision heurte à l’art. 230 du DOC. Cet article est adressé aux juges de fond, qui ne peuvent le violer dans tous les cas. Cette violation peut engendrer une sanction disciplinaire à l’encontre du juge suivant les lois qui régissent le statut de la magistrature. En outre, cette violation est constituée comme une faute judicaire donne lieu un recours en cassation, puisque celle-ci est parmi les causes qui ouvrent le recours extraordinaire suivant l’article 369 du code de procédure civile. Donc, comme la jurisprudence française, la jurisprudence marocaine considère que le principe de la force obligatoire du contrat, interdit la révision pour cause d’imprévision et les tribunaux affirment l’intangibilité du contrat en dépit d’un changement imprévu des circonstances  économiques : «  il ne saurait être faire échec à la force obligatoire du contrat formulée par l’article 230 DOC sous prétexte que les obligations stipulées sont devenues plus onéreuses par l’effet de circonstances exceptionnelles ». 

Au Maroc, le juge ne peut par conséquent, réviser le contrat pour imprévision, quelles qu’en soient les conséquences pour le débiteur dont les charges se trouvent alourdies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article épinglé

Qu'est-ce que le harcèlement moral au travail ?